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Normes de sécurité

Que reste-t-il des extincteurs après utilisation? Des bouteilles vides, des goupilles au sol, des informations de sécurité données par des étiquettes sur un fond rouge vif, des instruments épuisés par leur usage. Ils nous indiquent que quelque chose s’est passé.
Des extincteurs vides et des capsules sont les matériaux que Cédric Hoareau utilise pour « Normes de sécurité ». Les extincteurs ne sont pas seulement là pour témoigner de l’histoire de l’usine Kugler, faire écho à l’incendie qui a ravagé le bâtiment précipitant son évacuation, ce sont d’abord des objets rencontrés par l’artiste, de nouveaux supports sur lequel il déplace son laboratoire plastique et sonore. Un, dispositif électrique vient alors les augmenter : des moteurs, des transistors de puissance, des thermostats trafiqués - éléments pour la plupart récupérés. Ils reprennent sous leur impulsion de nouveau du service. Maintenant ils soufflent, produisent un son d’une profondeur et d’un volume variable, avec pour seules amplifications la taille des différentes caisses de résonances qu’offrent les extincteurs et l’espace qui les accueille.
Au moment du vernissage, Cédric Hoareau installera le son sur place. Une fois en harmonie avec le volume de la salle, on pourra alors apprécier par l’écoute comment l’imaginaire porté par cet objet est réengagé dans une démarche où le système d’usage des objets est subverti par une sensibilité aiguë aux rebuts de notre société. Le souffle des extincteurs envahit la pièce de manière sourde, entêtante et ces récipients rouges, avec tout ce qu’ils sont censés représenter de rassurant ne nous sont d’aucun secours. On ne peut qu’écouter l’incendie gronder. Il est à venir.

Octobre 2005
T. M.


Vidéos  
   
   

Vidéo atelier : Johanne Pigelet

Vidéo démo : Aurélie Doutre

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Autres travaux

Objet et machine

On commence avec l’outil préhistorique, celui qu’on prend à la main, révolution dans la relation de l’homme à son environnement. Viennent ensuite les leviers, roues, vis et autres objets révolutionnaires on passe aussi par l’utilisation d’énergie pour faire tourner les machines qui se développent. On ne parle pas de la longue tentative pour recréer un corps mécanique, de la prothèse aux automates et jusqu’aux robots plus près de nous. Cette histoire des avancées techniques est tendue vers l’achèvement d’une autonomisation et d’une indépendance de plus en plus poussée de nos prothèses, et l’on sait le nombre de films, de romans, d’histoires, de rêves et de cauchemars qui mettent en scène un monde occupé par des machines devenues libres prenant leur revanche sur une humanité rendue à ses archaïsmes. Il y a là toute une imagerie et une idéologie associées, dans lesquelles la dernière invention côtoie la plus rudimentaire. Où le rapport à la nature est magnifié au travers d’une idéalisation due à la perte de rapport avec elle, où les prothèses de l’homme ne lui sont plus associées. Il retrouve alors avec le travail physique un corps qui sue et se fatigue, grince et craque, il devient machine. Cédric Hoareau se place pour une bonne part dans cette histoire où se rencontrent pêle-mêle le savant, le guerrier, le rêveur, l’artiste, le technicien et l’utilisateur. Si toutes ces figures sont convoquées dans son travail, il n’en prend pas pour autant toutes les postures.

L’articulation entre ces personnages est à l’œuvre dans le film d’animation Pièces pour officiers. On imagine des officiers en train d’astiquer leurs armes, ils se préparent à aller au champ d’honneur. Mais non, ici on ne les voit pas, on assiste plutôt à une démonstration, à un défilé de machines toutes plus ou moins guerrières. Cédric Hoareau a filmé image par image le ballet de multiples pièces de métal rouillées. Elles s’assemblent seules, forment des machines. Elles fonctionnent, envoient des projectiles, gonflent des préservatifs, se préparent à avancer. Ensuite elles se démontent, d’elles-mêmes encore, et disparaissent. Cet imaginaire a été développé après un travail sur la rouille en même temps que la réalisation de monotypes qui étaient autant de plans de machines de guerre.

Le métal et les machines filmées l’amèneront à l’installation. D’abord en mettant en scène les machines à l’écran. Puis en installant des Dialogues : au sol, plus d’une dizaine de machines de tailles variables se répondent : elles sautillent, d’autres tournent en rond, une bat des ailes. La conversation qu’on entend est celle des moteurs qui donnent vie à ces assemblages d’éléments récupérés et trouvés aux puces. Une ménagerie électrique qui se débat sur place en essayant de se libérer dans des soubresauts nerveux.
Système nerveux est une autre installation notable dans le parcours de Cédric Hoareau. Dans une salle obscure se dresse un panneau de bois de 2m50 de haut sur 2m de large environ peint en blanc. Une lame de métal fine et souple est fixée sur un moteur électrique en haut du panneau. Dès qu’on pénètre cet espace, une lumière éclaire la lame de métal qui frappe le bois sous l’impulsion du moteur. Presque un autoportrait en peintre où la toile serait le bois, le pinceau la lame de métal, la main du peintre le moteur. Pourtant il y a une dimension qu’on ne trouve pas d’ordinaire dans une peinture, le son. La lame griffe, fouette, frappe ce qui serait la toile. Ce serait le bruit du pinceau ? Ou plutôt ce qui dans la peinture retiendrait Cédric Hoareau porterait ses nerfs à un point tel qu’il doive sortir de la peinture ; elle lui demanderait un engagement trop intense. En tout cas, la direction que prendra maintenant son travail sera celle de la rencontre entre le visuel et le sonore. La figure du bricoleur qui réunit toutes celles qui sont invoquées plus haut s’ouvre alors plus largement sur le domaine sonore.
Ses recherches sont des expériences sensibles aussi bien que des expériences au sens scientifique. La rencontre avec le matériau y est directrice, guidée par une méthode intuitive qui se heurte à la volonté d’aboutir au résultat escompté. S’il y a bien un cheminement c’est celui de la sensibilité de l’écoute, du regard et de l’imagination. Le croisement de ces sens se réalise plastiquement dans une rencontre, celle d’un objet et d’un dispositif électrique. Si tout, ou presque, est récupéré dans ses travaux ce n’est évidemment pas uniquement par souci d’économie, ce n’est pas non plus un attrait qu’exercerait sur lui l’histoire individuelle de tel ou tel objet, lui donnant par-là une plus-value sentimentale plus ou moins kitsch. Ce qui l’intéresse c’est le circuit, économique, qui laisse sur son chemin des rebuts, c’est montrer comment ces objets abandonnés grondent, soufflent, respirent, acquérant ainsi une consistance menaçante. Notre société voit dans l’objet ce dont on a un usage, mais pas ce qui est jeté devant soi, un obstacle sur lequel on trébuche. L’intervention de Cédric Hoareau se situe à ce niveau, entre l’usage de l’objet et ce qui se dresse devant nous, forçant l’ingéniosité pour pouvoir continuer le chemin. Il essaye de faire de nous les témoins de ce moment particulier : atteindre la réalité par le détour de l’art. On pourrait parler de la manière dont les formes qu’il met en jeu sont prises dans une histoire de l’art et des formes, mais ce n’est pas ce qui tend ses œuvres, elles se veulent en contact avec la vie, avec des corps, au sens large, qui avancent, qui travaillent, qui soufflent. Bien sûr le panorama n’est pas rose, mais on parle d’affronter les choses dans un corps à corps. Affronter la réalité du son et de la vision de ce qu’il nous propose. Mais entre les deux se glisse un hiatus. Les œuvres agissent dans des rapprochements de sens, celui par exemple entre l’usage des extincteurs et un souffle qui nous projette dans l’imagination d’un incendie ou du moins de sa menace. Du charbon qui crépite, de l’eau remuée (de nouvelles pièces à venir) se situe sur cette même crête. De quoi nous parle-t-on ? Le charbon brûle-t-il ? L’eau a-t-elle gardée en mémoire son écoulement ? Des phénomènes « naturels » sont référés et ce que les travaux de Cédric Hoareau permettent de révéler, c’est une dimension du temps, celle de l’attente. Il y a une imminence, l’évènement est sur le point d’arriver. Un événement dont on ne peut pas être les témoins directs. Ce qui arrive c’est notre condition. Prométhée a volé le feu, améliorant ainsi l’exil des hommes sur terre. Zeus se venge, envoie Pandore et avec elle, tous les maux de la terre : incendies, maladies, tempêtes, tremblements de terre… Mais Pandore a trop rapidement refermé sa jarre et il est resté quelque chose dans le fond. Cette chose pourrait être appelée l’attente. Tous les malheurs sont maintenant sur terre, les hommes les connaissent, mais comme ils n’ont pas de forme visible et ne sont pas audibles, ils vivent dans la peur de leur venue. Ils savent leur imminence, c’est tout. Ce que la technique noue comme rapport avec la nature est pris dans le jeu de cette histoire et se retrouve sous le coup de cette attente angoissée. Peu importe le degré d’industrialisation, de technicité des objets qu’on utilise, manipule, en eux gronde toujours cette menace sourde. Cédric Hoareau nous la fait voir et entendre.

Thomas Maisonnasse
Octobre 2005


Cédric Hoareau - www.cedric.hoareau.free.fr

97 rue du Faubourg du Temple   -75010-   Paris   FRANCE - 06 18 77 18 38 - 09 50 41 18 38 - Email: cedrichoareau2003@yahoo.fr

Né en 1977 à Toulouse, France.
2004: Diplômé de l’HEA/HES Ecole Supérieure des Beaux Arts de Genève, section sculpture/installations/espace, atelier P.A Zuber. 2001: Diplômé du DEUG ARTS mention arts plastiques, Université Le Mirail (Toulouse), atelier Francesca Caruana. 1995/1999: Etudes de sciences physiques, sciences de la matière et philosophie, UTM, UPS (Toulouse). 1995: Baccalauréat section scientifique.

Formation

2005      Etudes Postgrades à l' Ecole Supèrieure des Beaux Arts de Genève (ESBA) (CH)

•  Diplômé de l' ESBA de Genève section Sculpture - Installation - Espace - Atelier   P.A Zuber et Guillaume Arlaud (CH)
•  Diplômé du   DEUG Arts, mention Arts Plastiques , Université Toulouse le Mirail UTM (FR) - atelier   Francesca Caruana (FR)

1999 - DEUG Histoire de l'Art , UTM   de Toulouse (FR)

1996-99 - DEUG SMA Sciences de la Matière , Université Paul Sabatier UPS de Toulouse (FR)

•  Baccalauréat section scientifique

1977 Naissance à Toulouse (FR)

Biographie / dpf

2008

- 7 ème Biennale de la Jeune Création BJC , au Triplex, Houilles, (Fr)
- Résidence à La Générale des Arts , Pont de Sèvres, Paris, (FR)
« D4 » Galerie au Virage, Art Contemporain Découvertes Génération 1977 , Séprais (CH)
« Coney Island » Salon de la Jeune Création Art Contemporain 2007 , Paris (FR)
« Les Forains » Festival des (Im)migrateurs, Artktype , Paris (FR)
« Brainstorming » 52 ème Salon d'Art Contemporain de Montrouge , Paris (FR)
« L'atelier de l'aviation mentale », Galerie numérique de la FNAC digitale Odéon , Paris (FR)
- Galerie La fosse, Artamis, Genève (CH)
«  Kraspeck Myzick » Rencontre sonore, Myzick, Lyon (FR)
« 52 ème Salon de Montrouge » Interview Art&you , Paris (FR)
« Jeune Création de 1950 à nos jours » Interview par le réalisateur Claude Yvans, Paris (FR)
« Les bâtons de pluie solaire », Commande publique du FMAC de Genève , Parc des Ouches,     avec le lauréat du concours : Alexandre Joly , Genève (FR)
« Les jeunes artistes français » Publication dans le magazine de l'Alliance Française, Bangkok (Thaïlande)
- Résidence à Mains d'oeuvres , Saint Ouen (FR)

2006     

« Ma Chambre » 3 ème Biennale d'Art Contemporain de Bourges
- Pavillon d'Auron, Bourges (FR)
« Nénuphars » Espace d'Art Contemporain Hall 2B , Artamis, Genève (CH)
« Wake-up » Carte Blanche à la Cave 12 , Genève (CH)
- Ouverture et inauguration de l'Espace de Création Contemporaine R (CH)
« Chantier » Espace de Création Contemporaine R , Genève (CH)
« Cartons » Festival Points d'impact, Usine Kugler, Piano Nobile , Genève (CH)
« Capharnaum # » Squat de l'Arquebuse, Genève (CH)
- Festival d'Art Contemporain Mag06 , Genève (CH)
« Light bug » Salle du faubourg, Saint Gervais, Genève (CH)
« Carbone 14 » Document sonore, Arsenic, radio RSR , Lausanne (CH)

2005     

- Lauréat du concours Arsenic 2005 , exposition personnelle et résidence à l'Arsenic (CH)
« Carbone 14 » Arsenic, Centre d'Art Scénique Contemporain // Abris antiatomique, Lausanne (CH)
- Lauréat du concours Festival Particules pour l'installation Particules
« Particules », Théâtre de l'usine, Genève (CH)
- Ouverture et inauguration de l' Espace d'Art Contemporain Kugler (CH)
« Normes de sécurité » Espace d'Art Contemporain Kugler , Genève (CH)
« Super 8 mai » Bâtiment de l'Arquebuse, Genève (CH)
« Mare Imbrium I » Festival La Bâtie , Genève (CH)
« Mare Imbrium II » Festival 100 ans de Théâtre , Neuchâtel (CH)
« Lotorama » Festival Dansez 05 , Château rouge, Annemasse (FR)
« Ecosystème » Soundscape, Studio Dondoli Music , Genève (CH)

2004       

« Esthétique de squat » Espace d'Art la bonne récolte , Genève (CH)
« Take-off », ESBA, curateur, Jérôme Leuba, Genève (CH)
« Ecran noir, nuit blanche » Galerie Bh9 , Genève (CH)
« Vol de cerf-volant pour poisson rouge » Théâtre du Galpon, Genève (CH)

2003       

« La petite fabrique de l'image » Bh9, curatrice C.Karatchian, Genève (CH)
« Rayon d'action » Galerie Bh9, curateur R.Dall'aglio, Genève (CH)
« Histoire en cul-de-sac » Galerie Basta , Lausanne (CH)
« Deux temps, trois mouvements » Galerie Marianne Brand , Carouge (CH)

2001       

« La nuit du poème » Théâtre National de Toulouse (FR)
« Performances » Cave poésie, galerie Le Japan, Toulouse (FR)

Vidéos, films

« L'atelier de l'aviation mentale ( L'ADAM ) » Vidéos performances, 2006-2007-2008 (Europe)
« Le Fabuleux destin de Cédric Fabule » Fiction 5 min, 2004 (CH)
« Pièces pour officiers » Film d'animation   5 min, 2003 (CH)
« Métaux-Animés », Film d'animation 3 min, 2003 (CH)
« Epouvantails »,Vidéo performance 8 min, 2002 (CH)
« Histoires de bouchons », Film d'animation 3 min, 2002 (CH)
« Extension du domaine de la coquille », Clip d'artiste 3 min, 2002 (CH)
« Brico-art ! », Fiction 5 min, 2001 (FR)
« Paysages clandestins » Documentaire et performance 45 min, Toulouse, 2000 (FR)

Autres

Membre du collectif de La Baleine , du réseau Artskool , du collectif Entropie , du collectif Le Cabinet , du collectif Le Cercle et du groupe de recherche sonore Capharnaum # .

Collaboration artistique dans le cinéma, le cirque, le théâtre, spectacles vivants, performances, installations, design...avec Claude Yvans, Sabine Sautter, Johanne Pigelet, Nicolas Chapoulier, Anthony Revillard, Marielle Pinsard, Claire Peverelli, Paul Cox, Olivier Py, Alexandre Joly, Vincent Bertholet, Thomas Maisonnasse, Gaël Grivet, Michael Jarrell, Benjamin Bruneau, Padrut Tacchella, Stéphane Brunner...

Collaboration avec critiques, producteurs et compagnies évènementielles notamment   la production Lunafilm, le Théâtre National de Toulouse, La Cave Poésie à Toulouse, Le Grand Théâtre de Genève, Le Casino Théâtre de Genève, Le Théâtre du Galpon, Le théâtre de l'Usine, la Cie A Hauteur des Yeux, la Cie 7pm, la Cie Le Cercle...


Performance à l'Arquebuse 27 février 2006 à Genève

Capharnaum#

avec Cédric Hoareau (dispositif sonore)

&

Vincent Bertholet (contrebasse-loop)