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too busy with myself

Une exposition d'Isamu Krieger

Le chantier est pour moi un lieu familier qui ne se fige pas dans l’aboutissement du travail car tel un laboratoire de recherches, il se doit d’être en constante évolution. Installations in situ, peintures murales éphémères et mises en scène au mécanisme auto-destructif sont autant de médias qui me permettent de donner forme à l’idée qu’une chose est périssable, et que la précarité d'un environnement porte en lui tout le principe de construction et de déconstruction. Entre un processus continu et un arrêt sur image, mon travail est une invitation à explorer les territoires intervallaires en cherchant souvent dans l'absurde, la dérision et un humour ambigu, les ambivalences paradoxales et les contradictions insolites de notre société. Isamu Krieger

too busy with myself

Texte sur le travail artistique présenté à l'espace kugler

« Passer une frontière est toujours quelque chose d’un peu émouvant : une limite imaginaire, matérialisée par une barrière de bois qui d’ailleurs n’est jamais vraiment sur la ligne qu’elle est censée représenter, mais quelques dizaines ou quelques centaines de mètres en deçà ou au-delà, suffit pour tout changer, … ». Georges Perec – Espèces d’espaces.

Tout d’abord, un aspect important est de préciser de quel type de frontière nous parlons ici. La frontière n’est pas seulement une ligne de démarcation entre deux territoires ou deux nations. Elle est d’abord imaginaire ; c’est une étape individuelle de dépassement de ses propres limites qui permet de se demander ce qui nous sépare des autres.

Cette pièce réalisée avec du fil de scoubidou divise l'espace architectural en deux parties et crée une séparation. Les deux faux bords de la grille sont ouverts, et les deux côtés sont semblables. Le public est invité à se déplacer autour de cet obstacle, et ainsi, face à face, à se voir ou revoir au travers de cet objet en plastique souple, tel un fil de fer barbelé suspendu et complètement inoffensif. Cet objet fait aussi penser à une peau, à cet organe vital qui sépare et protège notre enveloppe physique et l’intégrité de notre corps. Sa fonction est d’éviter qu’il ne se désagrège au fil de nos mouvements et de nos déplacements ou que nous attrapions toutes sortes de maladies venant de l’extérieur.

Cette œuvre d’Isamu Krieger installée et présentée dans l’espace kugler est de donner au travers d’une « clôture » faite à la main, un message d’apaisement et de stimuler une possibilité d’interaction entre les visiteurs.

Isamu Krieger utilise souvent la dérision ou l’humour pour parler de l’ambivalence de nos constructions sociales au travers d’expériences personnelles. Dans ses dessins de chiens présentés au mur, il nous parle du processus de la domestication du loup. Bête tueuse, vorace et sauvage devenue docile et « le meilleur ami de l’homme », mais gardant toujours au fond de sa mémoire génétique, tout au fond de son fort intérieur, la fibre de l’être sauvage, indomptable, qui vit en liberté et court seul à travers les steppes.

Too busy with myself parle de cette frontière abstraite, celle de l’individu qui n’arrive pas ou plus à dépasser ses propres limites pour communiquer avec les autres et qui parfois, comme dans un soubresaut et par des efforts titanesques, tente de maîtriser son rapport au monde en se soumettant aux codes sociaux dans l’espoir d’appartenir à son temps.

Stéphanie Prizreni 29.04.11

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